Comme père de la science fiction, j’ai entendu citer Jules Verne, Asimov, Cyrano.. mais des fois je me demande si le père spirituel, au moins pour un bon tiers de la SF, ce n’est pas Darwin. Avec lui, on commence à se poser la question de l’homme du futur et du renversement possible des humains par une autre espèce, descendante ou non de la nôtre. Surtout, c’est la fin de la vision de l’homme comme seigneur légitime de la planète voulu par dieu ou pour la nature. Continuer la lecture de Les monstres sacrés, l’anticipation.
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Les monstres sacrés, l’anticipation: les Slans
A la poursuite des Slans, un grand classique de la SF paru en 1940, reprend le thème du surhomme avec une tite variante, la même que celle d’Anne Rice pour les vampires: le livre est écrit du point de vue d’un héros Slan, et la victoire du Slan sur le sapiens est montré comme quelque chose de souhaitable, même pour le sapiens. Il y a cinquante quatre ans, entre le Horla et à la poursuite des Slans, peut-être le temps qu’il faut pour digérer les éléments de réalité qui pesaient sur l’estomac de Maupassant et de ses contemporains, et voir apparaître un mec comme Van Vogt: pragmatique, matérialiste, désabusé et quand même optimiste. C’est comme si avant le 19ème, on était optimiste et fier d’être humain pour de mauvaises raisons, qu’on s’en était rendu compte avec Darwin et qu’après un moment de désespoir, on pouvait se relever pour en chercher des bonnes, en tout cas des meilleures.
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Les monstres sacrés, l’anticipation: Le Horla
Quand on vous dit Maupassant, ça vous fait pas penser au lycée et à des cours de français chiants? Moi aussi. Des fois, je me dis que les cours de français sont faits pour nous dégoûter de lire les auteurs qu’on nous présente.
Sans vouloir vous gonfler avec des biographies à rallonge, ce qui faut retenir de Maupassant est surtout qu’il a été malade comme un chien quasiment toute sa carrière. En gros, il a attrapé la syphillis vers 27 ans et ça l’a bouffé jusqu’à l’os, physiquement et mentalement. Nietzsche disait dans la généalogie de la morale, en parlant de Wagner, que l’artiste était juste le terreau, et quelque fois le fumier sur lequel fleurissait son œuvre. Je sais pas si c’est vrai pour toute les formes d’art, mais on peut citer une pétée d’artistes dont le talent consistait à partir de leur fumier pour y faire fleurir quelque chose de beau. En vrac, la honte de Kafka, le deuil d’Anne Rice, la déprime de Baudelaire évidemment, les angoisses de Lovecraft, l’amour coupable de Lewis Carol et la syphilis de Maupassant. Evidemment, ça demande de pouvoir regarder son fumier en face et de le reconnaître pour ce qu’il est, pour faire toujours la différence entre les fleurs du fumier et le fumier lui même. Faute de quoi, on trouve des auteurs qui confondent directement leur fumier avec du talent et, souvent, avec de l’engagement idéologique: le virilisme bourrin de John Norman, la haine des hommes de Bradley, le masochisme de Rousseau sur le tard ,les problèmes familiaux de Freud… Continuer la lecture de Les monstres sacrés, l’anticipation: Le Horla